Plusieurs études ont établi une relation entre le sommeil et l’obésité.
Lauren Hale, professeur agrégée de médecine préventive à l’école de médecine de l’Université de Stony Brook à New York, a mis en évidence que les adolescents bien reposés ont tendance à faire des choix alimentaires plus sains que leurs pairs privés de sommeil. Elle précise :
« Non seulement les adolescents qui ont mal dormi mangent en moyenne plus de nourriture qui leur est nuisible, mais ils mangent également moins de nourriture qui leur convient ».
En étudiant un échantillon représentatif de 13 284 adolescents âgés en moyenne de 16 ans, l’étude a cherché à déterminer la relation possible entre la durée du sommeil et les choix alimentaires des adolescents.
Les auteurs ont constaté que les adolescents ayant déclaré dormir moins de sept heures par nuit – 18% des répondants – étaient plus susceptibles de consommer de la fast-food deux fois par semaine ou plus, et moins susceptibles de manger sainement comme des fruits et des légumes.
L’American Academy of Pediatrics recommande actuellement aux adolescents de dormir entre neuf et dix heures par nuit.
Allison Kruger, qui a participé à l’étude, a déclaré : « On laisse souvent les adolescents contrôler leur nourriture et leur sommeil, et les habitudes qu’ils développent à l’adolescence peuvent fortement influencer sur leurs habitudes en tant qu’adultes. »
En conclusion, le Dr Lauren Hale a déclaré : « S’il existe effectivement un lien de cause à effet entre le sommeil insuffisant et les mauvais choix alimentaires, nous devons commencer à réfléchir à la façon d’intégrer plus activement l’éducation à l’hygiène du sommeil dans la prévention de l’obésité et les interventions de promotion de la santé. »
D’autres études ont permis d’expliquer comment le manque de sommeil pouvait conduire à des envies de malbouffe.
Les chercheurs pensaient que la tendance à manger plus après un mauvais sommeil était liée à la ghréline, dite « hormone de la faim », qui stimule l’appétit : son taux augmente avant les repas et diminue après ceux-ci.
Mais des études plus récentes suggèrent que le manque de sommeil influe essentiellement sur le simple contrôle de soi, ce qui conduit les personnes privées de sommeil à se laisser aller et à faire de mauvais choix alimentaires.
Des chercheurs de l’Université de Californie de Berkeley ont analysé les cerveaux de 24 participants adultes après une bonne et une mauvaise nuit de sommeil. Après un sommeil perturbé, les lobes frontaux, qui contribuent à la maîtrise de soi, étaient moins actifs qu’après un sommeil normal. Cette découverte peut expliquer pourquoi les personnes privées de sommeil sont plus susceptibles de céder à des tentations caloriques.
L’un des auteurs de l’étude, Matthew Walker, a expliqué : « Ce que nous avons découvert, c’est que les régions cérébrales requises pour les jugements complexes et les décisions deviennent émoussées par un manque de sommeil, et que les structures cérébrales plus primitives qui contrôlent la motivation et le désir sont amplifiées. »
En d’autres termes : le manque de sommeil prive les gens de leur maîtrise de soi et leurs bonnes intentions alimentaires sont vite oubliées.
Les chercheurs concluent : « Les recherches indiquent un lien entre la perte de sommeil et l’obésité. Ces résultats expliquent le mécanisme cérébral par lequel un sommeil insuffisant peut conduire au développement ou au maintien de l’obésité par (…) la sélection des aliments les plus aptes à déclencher la prise de poids. »
Car les chercheurs ont constaté qu’après avoir été privés de sommeil, les participants ont montré une plus grande envie de nourriture riche en calories : plus ils étaient privés de sommeil, plus les fringales étaient grandes. En revanche, quand ils étaient bien reposés, les mêmes personnes étaient mieux en mesure de résister à la tentation.
Le lien a également été fait entre un mauvais sommeil et l’achat de nourriture. Une étude suédoise a révélé que les hommes qui étaient privés de sommeil achetaient, en moyenne, 9% plus de calories que ceux qui avaient passé une bonne nuit de sommeil. Ces résultats étaient probablement le résultat de la mauvaise prise de décision identifiée par l’étude de l’Université Berkeley.
Moralité : expliquons aux adolescents l’importance d’avoir un sommeil suffisant pour avoir envie de s’alimenter correctement – sans oublier de leur détailler tous les dangers pour leur santé de la malbouffe qui leur fait tellement envie… et que consomment si volontiers beaucoup d’adultes.
Références
The impact of sleep deprivation on food desire in the human brain
Why the Sleep-Deprived Crave Junk Food and Buy Higher Calorie Foods
Teens’ Sleep Deprivation Tied to Poor Diet, Obesity
Acute sleep deprivation increases portion size and affects food choice in young men