Plusieurs études se sont intéressées aux aires de jeux modernes que l’on met à la disposition des enfants dans les villes.
Il a d’abord été remarqué que le renforcement de la responsabilité civile (c’est-à-dire la crainte d’accidents où l’organisme responsable serait mis en cause) a conduit à supprimer des terrains de jeux les grands toboggans, les cordes, les grands ponts-de-singe, les carrousels ou les balançoires. Vu du côté du cerveau, cela réduit la quantité de rotations, de balancements, de torsions qui développent le système sensoriel du petit enfant. Cela peut avoir des effets à long terme sur le développement de son cerveau.
Une étude australienne, dirigée par Brendon Hyndman, ajoute un élément intéressant : les enfants jouent plus intensément et plus activement avec des caisses, des tuyaux et des seaux qu’avec des toboggans et des-ponts-de singe. Cette étude à long terme a même mis en évidence que les terrains de jeux organisés, tels qu’on les trouve dans les villes, dans les maternelles ou les écoles primaires, peuvent étouffer la capacité à jouer des enfants.
Les chercheurs ont ainsi constaté que des objets relativement bon marché, tels que des seaux, des cartons et des caisses, étaient plus efficaces pour encourager le jeu des enfants que les équipements coûteux que l’on trouve dans les aires de jeux organisées.
L’étude, qui a duré deux ans et qui a été publiée dans BMC Public Health, a suivi 120 élèves d’une école primaire australienne nouvellement construite.
Dans la cour de récréation, il y avait des tapis d’exercices, des balles de foin, des tuyaux et des seaux, ainsi que d’autres objets bon marché de la vie de tous les jours.
Le comportement de ces enfants a été comparé avec ceux d’une autre école locale qui avait un terrain de jeu plus traditionnel, contenant des toboggans et des ponts-de-singe.
Les résultats de l’étude ont été frappants : la mise à disposition des enfants d’articles bon marché réduisaient de moitié le comportement sédentaire des enfants, de 61,5% à 30,5%.
Comparé à ceux de l’école avec un terrain de jeu traditionnel, les enfants jouaient plus intensément et plus activement avec des objets du quotidien.
Les chercheurs ont tenté de comprendre pourquoi. Le principal auteur de l’étude, le Dr Brendon Hyndman, a déclaré : « Les terrains de jeux conventionnels sont conçus par des adultes – ils ne prennent pas réellement en compte la façon dont les enfants veulent jouer. À une époque où l’obésité infantile se développe et où les terrains de jeux se rétrécissent, nous avons besoin d’une approche créative pour stimuler l’activité physique chez les écoliers. ».
Une autre explication complémentaire a également été donnée : les matériaux recyclés, faisant partie de leur vie quotidienne, stimulent la créativité et la diversité du jeu des enfants et leur fournit des expériences de jeu plus actives, avec la construction de structures imaginaires (comme des maisons, des fusées ou des bateaux) tout en interagissant socialement entre eux et en résolvant des problèmes.
Une expérience concrète en France confirme cette étude : La boîte à jouets à Vitruve, dont je vous invite à regarder la vidéo.
Les auteurs de l’étude australienne concluent :
« L’examen des effets de cette intervention sur les terrains de jeux dans les écoles au cours d’une année scolaire a suggéré que l’introduction de matériaux mobiles et recyclés peut avoir un effet important et positif à long terme sur les enfants. » – sans compter l’économie importante que cela peut générer pour les écoles.
Il reste cependant que les enfants ont moins d’occasions qu’auparavant de développer leur système sensoriel pendant leurs jeux, avec des rotations, des balancements ou des torsions. A l’enseignante d’intégrer ce type de mouvements dans les activités physiques qu’elle propose aux jeunes enfants.
Références
Evaluating the effects of the Lunchtime Enjoyment Activity and Play (LEAP) school playground intervention on children’s quality of life, enjoyment and participation in physical activity
Free Play : Simple Items More Fun For Children