Les garçons sont meilleurs en maths et les filles en lettres ; les Noirs sont bons en sport et les Asiatiques en informatique, c’est bien connu. Bien entendu si l’on prend un peu de recul, on dira que ce ne sont que des stéréotypes. Pourtant si l’on teste les uns et les autres, les résultats statistiques semblent confirmer ces stéréotypes. Que faut-il en penser ?
C’est une expérience faite en 1995 par les deux chercheurs américains du Département de psychologie de l’université de Standford (États-Unis), Joshua Aronson et Claude Steele, qui a permis de déclencher la réflexion des chercheurs sur ce phénomène, appelé « menace du stéréotype » (en anglais : Stereotype Threat). Depuis, plusieurs centaines de recherches ont été effectuées sur ce thème, qui s’applique autant à l’école que dans la vie professionnelle, personnelle ou en société.
Il est
intéressant de rappeler l’expérience menée par
Aronson et Steele. Les auteurs ont fait passer à des étudiants
Afro-américains et Blancs un test de mesure de l’intelligence.
Ils ont présenté le test de trois manières
différentes afin de tester l’influence du stéréotype sur les performances des
sujets. Les Afro-américains savaient qu’ils avaient la réputation d’être moins
intelligents. Lorsque leur origine ethnique est soulignée, on constate que
leurs performances chutent : la « menace du stéréotype » a
fonctionné. Les sujets se sont comportés comme s’ils voulaient confirmer le
stéréotype à leur égard.
Situation de non-menace | Situations de menace | |
Groupe 1 | Groupe 2 | Groupe 3 |
La tâche à réaliser est présentée comme un jeu | La tâche à réaliser est présentée comme un test de mesure de l’intelligence | On n’évoque plus la mesure de l’intelligence mais sur la page de garde du protocole est demandé « la race » du sujet |
On ne note aucunes différences de performances entre les deux groupes de sujets | L’induction de la menace du stéréotype fait chuter les performances du groupe stigmatisé, ici les sujets afro-américains. |
D’une manière plus générale, un individu appartenant à un groupe victime d’un stéréotype risque de confirmer, comme caractéristique de soi, ce stéréotype négatif qui vise son groupe. Cela se fait psychologiquement de manière très perverse : l’individu craint de confirmer le stéréotype négatif, et cette crainte – qui peut aller jusqu’à l’anxiété – va créer chez lui des comportements d’autodestruction qui, ironiquement, va le pousser à respecter ce stéréotype redouté. Une sorte de « prophétie auto-réalisatrice ».
Les exemples dans lesquels cette « menace du stéréotype » est à l’œuvre sont nombreux :
Nous verrons dans un second billet les effets secondaires de la « menace du stéréotype », et ce que préconisent les chercheurs pour réduire son influence.
Bruno Hourst
Ressources
Stereotype Threat Widens Achievement Gap
What Is Stereotype Threat? The Negative Effects of Worrying About Confirming a Stereotype
Dans les années 1990, dans un lycée d'un niveau très faible d'un quartier défavorisé de…
Malgré tous les comportements outranciers et erratiques qu'il a montré pendant les quatre années de…
En cette année 2020 avec la pandémie de Covid-19, nous vivons un événement statistiquement rare…
Dans un précédent billet , nous avons présenté quelques recherches montrant l'importance cruciale du lien…
Vous êtes enseignant ou formateur, et vous supportez mal les conversations parallèles entre élèves ou…
Il est souvent question dans les billets de ce blog de l'importance que l'on devrait…