Dans un précédent billet, nous avons présenté une étude dirigée par l’Américaine Julie Boergers, montrant les résultats particulièrement intéressants obtenus sur le comportement des adolescents lorsque l’on retarde – un peu – le début des cours au collège et au lycée.
Dans un long et passionnant article (référence), Julie Boergers détaille cette idée.
Elle rappelle d’abord toutes les conséquences négatives pour les adolescents de manquer de sommeil : plus irritables, plus dépressifs avec plus grand risque de tendances suicidaires, mauvaise santé, prédisposition à l’obésité… Le manque de sommeil a également des effets importants sur l’apprentissage, la motivation, la mémoire de travail, la capacité à faire des efforts soutenus et à réaliser des tâches complexes, et globalement sur les résultats scolaires.
Elle raconte ensuite les effets positifs notés par les collèges et lycées qui ont décidé d’appliquer sa recommandation de retarder le début des cours : taux plus faible de symptômes dépressifs, taux plus faible d’accidents de voiture, taux d’abandon plus faible, moins d’absences et de retards, améliorations des apprentissages en Lettres et en Mathématiques, amélioration des performances sportives – et tout cela en retardant d’une manière modérée l’heure du début des cours.
Pourquoi un changement minime, qui a des résultats prouvés si remarquables et s’appuyant sur une base scientifique crédible, n’est-il pas mis en place systématiquement ? Julie Boergers relève les objections :
Étant donné que les avantages des débuts de cours plus tardifs sont clairs, mesurables et significatifs, l’American Academy of Pediatrics a recommandé que les collèges et lycée commencent leurs cours à 8h30 ou plus tard. La justification de cette recommandation est qu’il est biologiquement difficile pour la plupart des adolescents de s’endormir avant 23 h, et qu’ils devraient dormir au moins huit heures par nuit pour rester en bonne santé et avoir des résultats scolaires optimaux. Bien que les modifications nécessaires soient parfois complexes et présentent des défis logistiques, de nombreux établissements scolaires ont réussi à mettre en œuvre ces changements, ce qui peut être considéré comme un avantage majeur de santé publique.
Ceci étant, il est reconnu par les chercheurs que retarder le début des cours n’est pas une panacée absolue pour remédier au problème du sommeil insuffisant chez les adolescents. Ils soulignent l’importance d’être éduqués sur l’importance cruciale du sommeil pour leur santé et la qualité de leur réussite scolaire. Les parents doivent également être encouragés à établir (et à faire respecter) des règles et des routines concernant l’heure normale du coucher pour les adolescents, ainsi que des limites à l’utilisation des écrans le soir.
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En conclusion, un changement modeste – une modification raisonnable de début des heures de cours – peut avoir des conséquences remarquables sur la santé et la réussite scolaire des adolescents. Ce point est-il connu des responsables politiques et éducatifs en France ? Le ministre de l’Éducation nationale s’est dit ouvert à cette idée, proposée par la Présidente de la Région Île-de-France. Preuve que parfois les responsables politiques lisent le travail des chercheurs, ou qu’ils lisent les articles publiés par les journalistes qui lisent le travail des chercheurs.
Bruno Hourst
Ressources
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