Dans un précédent billet, nous avons fait une première approche de ce que l’on appelle l’apprentissage « explicite ». Tentons d’aller plus loin et de mieux comprendre le fonctionnement de l’enseignement explicite.
L’enseignant, en classe, exerce deux grandes fonctions interdépendantes : la gestion des apprentissages, et la gestion de la classe (ou des comportements). La gestion des apprentissages renvoie à l’ensemble des stratégies que l’enseignant utilise pour que les élèves apprennent les contenus du programme. La gestion de la classe concerne les stratégies que l’enseignant déploie pour créer un climat propice à l’apprentissage et à la vie en classe.
Tant la gestion des apprentissages que la gestion de la classe peuvent faire l’objet d’un enseignement explicite.
La gestion des apprentissages se déroule en trois phases : la préparation, l’interaction avec les élèves et la consolidation.
Intéressons-nous d’abord à la phase de préparation, dans une démarche d’apprentissage explicite.
Durant la phase de préparation, l’enseignant travaille à partir du programme et cherche à l’adapter à sa propre manière d’enseigner. Il analyse le contenu à transmettre, pour en faire ressortir les composantes principales et les difficultés potentielles, ainsi que pour déterminer l’ordre dans lequel il serait préférable d’enseigner les éléments de ce contenu.
D’après les chercheurs, on peut distinguer dans cette phase de préparation un ensemble de sept stratégies :
1ère stratégie : Préciser les objectifs d’apprentissage
Depuis longtemps, il est reconnu que la précision des objectifs est essentielle pour faciliter l’enseignement et l’apprentissage. L’énoncé de l’objectif doit indiquer ce que l’enseignant attend de l’élève au terme de l’apprentissage. Il permet à l’enseignant de se concentrer sur l’atteinte des objectifs, et à l’élève de savoir ce qu’on attend de lui.
2ème stratégie : Identifier les idées maîtresses
Tout n’est pas important au même degré dans un programme. C’est pourquoi il importe de distinguer l’essentiel de l’accessoire. Les idées maîtresses sont les éléments centraux, les concepts clés, les savoirs fondamentaux, les habiletés de base que l’enseignant doit absolument enseigner et que l’élève doit absolument savoir. Faire ressortir les idées maîtresses permet en même temps à l’enseignant de repérer les notions accessoires.
3ème stratégie : Déterminer les connaissances préalables nécessaires
La maîtrise de certains savoirs ou savoir-faire est nécessaire à l’acquisition des nouvelles connaissances visées. Par exemple, avant d’enseigner une résolution de problème nécessitant le calcul de l’hypoténuse, l’enseignant doit s’assurer que l’élève maîtrise la racine carrée. Il doit donc vérifier les éléments de difficulté de la notion à transmettre, de sorte que les nouvelles connaissances puisse s’appuyer sur les anciennes.
4ème stratégie : Organiser la théorie et la pratique
C’est ce que les gens savants appellent les connaissances déclaratives (la théorie) et les connaissances procédurales et conditionnelles (la mise en pratique). On ne peut amener les élèves à développer des habiletés procédurales (une utilisation concrète de la nouvelle connaissance) si l’on se limite à enseigner des connaissances déclaratives et que l’on ignore les connaissances conditionnelles (le contexte où l’on peut utiliser la connaissance).
5ème stratégie : Planifier des dispositifs de soutien à l’apprentissage
L’enseignement explicite se caractérise par l’utilisation de plusieurs dispositifs de soutien (visuels, verbaux, physiques) que l’enseignant choisit selon le niveau de compétence des élèves, et qu’il retire ensuite progressivement à mesure qu’il constate les progrès de ces derniers.
6ème stratégie : Planifier la révision
L’enseignant doit prévoir du temps pour la révision du contenu. Pour être plus efficace, celle-ci doit être répétitive dans le temps (par exemple quotidienne, hebdomadaire et mensuelle) et sous des formes variées, par exemple en utilisant les intelligences multiples.
7ème stratégie : Vérifier la cohérence de l’ensemble
A l’issue de cette phase de préparation, l’enseignant vérifie la cohérence entre le programme, l’enseignement qu’il prévoit d’effectuer et l’évaluation qu’il anticipe.
Cet ensemble de stratégies, essentiellement de bon sens, permet de planifier une démarche pédagogique cohérente en assurant une préparation de qualité. Elle permet de préparer le terrain pour la suite, la phase d’interactions avec les élèves, que nous décrirons dans un autre billet, toujours dans un esprit d’enseignement explicite.
Références
Synthesis of Research on Explicit Teaching
L’enseignement explicite, une approche structurée pour faciliter l’apprentissage des compétences