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Petite plongée dans le syndrome de l’imposteur – Partie 1

L’Américaine Valerie Young est une spécialiste de renommée internationale du syndrome de l’imposteur et l’auteur du livre (non traduit en français) The Secret Thoughts of Successful Women : Why Capable People Suffer from the Impostor Syndrome and How to Thrive in Spite of It (Les pensées secrètes des femmes qui réussissent : pourquoi les personnes compétentes souffrent du syndrome de l’imposteur et comment s’épanouir malgré cela). A travers son livre, découvrons des éléments-clés pour se sortir de ce syndrome de l’imposteur – beaucoup plus répandu chez les femmes que chez les hommes.

Le syndrome de l’imposteur, qu’est-ce que c’est ?

C’est le fait de refuser un succès que l’on estime immérité, ou que l’on pense être le fruit de la chance ou du hasard. Peu importe les efforts que vous déployez, peu importe ce que vous réalisez, vous avez toujours l’impression d’être un imposteur. Vous doutez toujours de vos capacités et vous vous attendez à être démasqué. Vous attribuez vos réalisations à la chance ou à des efforts démesurés, mais jamais à votre talent ou à vos compétences. Plus formellement, on parle parfois d’un « échec à intérioriser le succès ». 

On pourra trouver ce type de comportement :

  • dans le travail : la crainte de réussir, la peur de ne pas pouvoir toujours réussir brillamment dans le futur, la dévalorisation (« C’est un coup de chance » ; « N’importe qui en aurait fait autant à ma place » ; « Mais non, je n’ai aucun mérite ») ;
  • dans les relations affectives (« Elle est trop bien pour moi » ; « Il se trompe sur mon compte, il ne peut pas être amoureux de moi, de qui je suis vraiment ») ;
  • dans les relations avec ses enfants : dénigrement des succès de ses enfants, qui est une manière de se dénigrer soi-même ;
  • dans sa vie personnelle : la peur du bonheur (« Si tout se passe bien, c’est qu’il va m’arriver une tuile »).

Comment le reconnaître ?
D’abord, Valerie Young propose que vous vous posiez ces questions :

  • Considérez-vous que vos succès sont dus à la chance ?
  • Croyez-vous que « Si je peux le faire, tout le monde peut le faire » ?
  • Est-ce que les plus petites failles dans votre travail vous angoissent ?
  • Êtes-vous écrasé lorsque l’on vous dit des critiques, même constructives ? Considérez-vous cela comme la preuve de votre inaptitude ?
  • Lorsque vous réussissez, avez-vous secrètement l’impression d’avoir trompé les personnes qui vous félicitent ?
  • Craignez-vous que ce ne soit qu’une question de temps avant que votre imposture soit découverte ?

Si vous vous reconnaissez, vous n’êtes pas seul(e). 70% des gens ont ressenti cela à un moment ou à un autre – et certains le ressentent de façon chronique. Même des personnes exceptionnelles connaissent ou ont connu ce syndrome. Albert Einstein : « ...l’estime exagérée dans laquelle on tient mon travail me rend très mal à l’aise. Je me sens obligé de me considérer comme un escroc involontaire. »

L’un des problèmes avec le syndrome de l’imposteur, c’est que les affirmations positives (de type « Vous êtes excellent ») et les conseils que l’on peut vous donner n’arriveront pas à vous convaincre que vous n’êtes pas un imposteur. Pas plus que les auto-affirmations (« Je suis excellent ») : cela ne marche pas, ou mal.

Alors, comment faire pour se sortir de ce syndrome ? Une piste intéressante : le concept d’auto-efficacité.

Le concept d’auto-efficacité
Le concept d’auto-efficacité a été inventé par le célèbre psychologue américain Albert Bandura. Son livre, traduit en français, s’appelle Auto-efficacité : Le sentiment d’efficacité personnelle (Self-Efficacy: The Exercise of Control).

Qu’est-ce que l’auto-efficacité ? C’est « la capacité perçue de réussir une tâche donnée ». C’est une croyance, pas une mesure objective de la capacité. Mais c’est une croyance qui peut avoir un effet spectaculaire sur notre vie.
Parfois cette croyance peut être plus importante que les compétences elles-mêmes. Certes il est évident que les compétences réelles sont essentielles. Mais si vous ne croyez pas pouvoir accomplir quelque chose, vous n’essaierez probablement pas. Et même si vous essayez, vous risquez d’abandonner à la première difficulté.

Les effets positifs des croyances qui fondent l’auto-efficacité ont été constatés dans un nombre stupéfiant de domaines : notes scolaires, gestion du poids, comportement social, habitudes de santé, performances professionnelles, etc.

Quelle différence entre l’auto-efficacité, la confiance en soi et l’estime de soi ?

L’auto-efficacité est une conviction sur notre capacité à atteindre un objectif spécifique, alors que l’estime de soi est un jugement de valeur sur ce que nous sommes. Et la confiance en soi est plus générale, alors que l’auto-efficacité est spécifique à une tâche.

Quel lien avec le syndrome de l’imposteur ?

En fait, le syndrome de l’imposteur est fondamentalement une question de croyance. Il est dû au fait que nous ne croyons pas en nos compétences. Avoir de l’auto-efficacité consiste à avoir une bonne dose de croyance en nos compétences. Donc si nous augmentons notre auto-efficacité (c’est-à-dire la croyance en nos capacités), nous nous débarrasserons du syndrome de l’imposteur.

Comment renforcer notre auto-efficacité, et ainsi nous débarrasser du syndrome de l’imposteur ?

Albert Bandura propose quatre éléments qui peuvent nous permettre de renforcer notre auto-efficacité. Nous les détaillerons dans un prochain billet.

Bruno Hourst

Ressources

 The Secret Thoughts of Successful Women: Why Capable People Suffer from the Impostor Syndrome and How to Thrive in Spite of It

Auto-efficacité : Le sentiment d’efficacité personnelle

This Is How To Overcome Impostor Syndrome: 4 Secrets From Research

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