Connaissez-vous Eric Barker ? Il tient un blog (en anglais) qui inspire certains des billets que je vous propose. Son but affiché est d’apporter des réponses scientifiques et des conseils d’experts sur la façon de vivre à peu près bien sa vie.
Voici quelques larges extraits d’un de ses articles, tirant parti de l’actualité en ce printemps 2020. Et pour commencer, un résumé en image :
ce à quoi je m’attendais : ce que j’ai eu :
Anarchie (rouge) Télétravail (vert)
Zombies (noir) Manque de papier-toilette (jaune)
C’était en 1962, dans une école pour filles à Kashasha, en Tanzanie. Quelques élèves avaient commencé à rire et elles ne pouvaient plus s’arrêter. Ce comportement inexplicable s’est propagé de fille en fille, touchant 95 des 159 élèves de l’école. Au bout de 6 semaines, il a fallu fermer l’école à cause de ça, mais cela n’a pas empêché les rires. Le « virus » s’était déjà propagé dans un village voisin, Nshamba, où 217 autres filles ont été touchées, puis il a touché Bukoba, « infectant » 48 autres filles. Au total, cette épidémie a duré 18 mois, a obligé à fermer 14 écoles et a touché plus de 1000 enfants.
Vous n’y croyez pas ? Pourtant c’est vrai. Ce genre d’épidémies, bien que rare, n’est pas inconnu. Au Moyen Âge, il y a eu des épidémies de « danse de Saint-Guy » (ou chorémanie, pour les gens savants) – danse incontrôlable et infectieuse qui se répandait dans toute l’Europe et qui a parfois touché des dizaines de milliers de personnes à la fois.
Pourquoi rappeler ce type d’épidémies ? Pour nous rappeler que des « virus » peuvent se transmettre à toute une population sans virus.
L’affaire est bien connue : on parle couramment d’informations « virales » à travers les réseaux sociaux. Un chercheur américain, Nicholas Christakis, a étudié comment cela fonctionne. Les réseaux sociaux peuvent transmettre des attitudes, des comportements, des modes, des tendances ou n’importe qui d’autre. Ils peuvent également transmettre, comme un virus, le bonheur ou le malheur, la gentillesse ou la cruauté. Les réseaux amplifient ce dont ils sont chargés. Ils peuvent amplifier Ebola, le fascisme, le malheur et la violence, mais aussi l’amour, l’altruisme ou le bonheur.
Une autre histoire intéressante. Julius Wagner-Jauregg a reçu le prix Nobel en 1927 pour sa « pyrothérapie », qui a sauvé des dizaines de milliers de vies. C’était avant les antibiotiques, à l’époque où la syphilis était un terrible fléau. Il n’y avait pas de remède pour la guérir. Mais il y avait un remède pour la malaria. Voilà l’observation géniale de Julius Wagner-Jauregg : la bactérie qui cause la syphilis n’aime vraiment pas la chaleur. En revanche, le paludisme provoque de fortes fièvres. Il a donc délibérément infecté les syphilitiques avec le paludisme. La fièvre élevée tuait la syphilis. Ensuite, on traitait le paludisme. Et le patient se rétablit des deux.
Nous pouvons tirer un certain nombre de leçons de ces histoires : un « virus » peut se propager sans virus biologique. Il peut transmettre le pire, mais il peut aussi répandre le bonheur, l’aide, la gratitude et l’optimisme. Et on peut utiliser une infection pour en combattre une autre : « Combattre le feu par le feu ». L’idée est donc : si nous commencions notre propre « pandémie » et l’utilisions pour combattre la pandémie actuelle ?
Bon, ce n’est qu’une métaphore. On ne peut pas garantir que répandre le bonheur et la gentillesse en ce moment va tuer COVID-19 comme par magie. Nous devons protéger notre santé, mais pour ce faire, nous devons protéger notre santé mentale pour rester résistants.
Commençons donc (propose Eric Barker) notre propre pandémie d’émotions positives pour garder le moral pour la bataille en cours. Combattons le feu par le feu. Répandons l’entraide, la gratitude et l’optimisme – comme un virus. Et nous gagnerons.
Pour cela, faisons comme nos responsables politiques concernant le COVID-19 : entourons-nous d’un panel d’experts reconnus.
Prêt à devenir infectieux ? Vous avez quatre actions non-barrières à votre disposition. Passez au billet suivant pour en savoir plus.
Bruno Hourst
Ressources
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