S’il y a un sujet qui porte à controverse, c’est bien celui de l’usage du cannabis. Si l’on s’en tient à YouTube, aux médias et aux déclarations de personnes plus ou moins célèbres (artistes, responsables politiques ou autres), on peut considérer le cannabis comme une drogue inoffensive qui adoucit la vie des gens. D’ailleurs, on le prescrit comme médicament, c’est la preuve que ça fait du bien. De plus, il existe une tendance nationale et internationale croissante à légaliser le cannabis à des fins récréatives. Tout cela peut faire croire que la consommation de cannabis n’est pas plus nocive que l’aspirine ou un médicament contre la toux. Mais qu’en pensent les chercheurs ?
Des recherches menées au Canada permettent d’alimenter la réflexion. Dans une étude publiée dans Frontiers of Psychiatry (une revue de premier plan), le chercheur Jules Dugre et ses collègues ont découvert que, parmi les patients psychiatriques récemment sortis de l’hôpital, les comportements violents après la consommation de cannabis étaient près de 2,5 fois plus élevés. En d’autres termes et selon les auteurs, il existe une association unidirectionnelle (du cannabis vers la violence) entre consommation de cannabis et violence. Il est intéressant de noter que cette étude n’a pas trouvé d’association similaire entre la violence et la consommation d’alcool ou de cocaïne.
Vous vous dites peut-être : « D’accord, mais cette étude a été réalisée auprès de personnes sous soins psychiatriques. Est-ce que l’on peut généraliser cette conclusion à l’ensemble des personnes consommateurs de cannabis ? » Probablement pas. Mais il y a des leçons à tirer de cette étude et plusieurs raisons d’être prudent.
D’abord, il y a les personnes qui auraient sans doute besoin de soins psychiatriques et qui ne sont pas soignées – vous en connaissez peut-être autour de vous. Elles se retrouvent dans le cadre de l’étude ci-dessus.
Ensuite, des recherches menées sur une population plus générale montrent que la consommation constante de cannabis rend difficile le contrôle des pulsions. Il semble que le cannabis perturbe la capacité du cerveau à contrôler nos comportements, et en particulier la violence. Cette incapacité à contrôler les pulsions semble prévaloir chez ceux qui ont commencé une consommation chronique de cannabis avant l’âge de 16 ans – voir également le billet sur l’influence du cannabis sur les adolescents.
Alors, quelle leçon tirer de cette étude ? Que même si une personne ne fait pas l’objet de soins psychiatriques, l’affirmation que le cannabis est inoffensif, que son usage rend les gens plus sereins, est exagérée. Le THC, l’ingrédient actif du cannabis, est énormément étudié et une nouvelle étude est publiée presque chaque semaine soulignant ses effets négatifs. Lorsqu’une substance influe sur la chimie et le fonctionnement du cerveau, il faut être prudent – un principe de précaution, diraient les responsables politiques.
Bruno Hourst
Ressources
Persistency of Cannabis Use Predicts Violence following Acute Psychiatric Discharge