Dans un précédent billet, nous avons commencé à suivre le chercheur américain John Gottman, qui a étudié de manière extensive le développement de l’intelligence émotionnelle chez les enfants. Dans son livre intitulé Raising An Emotionally Intelligent Child, il explique les cinq comportements essentiels des parents pour faire grandir à peu près correctement cette intelligence émotionnelle chez leur enfant. Voyons dans ce billet les deux premiers.
1- Être conscient des émotions, des siennes et de celles de son enfant
Habituellement, les émotions précèdent les crises. Il est donc essentiel de remarquer assez tôt les émotions de l’enfant, et pas uniquement le mauvais comportement qui en résulte.
Mais le problème de beaucoup de parents, c’est qu’ils ne remarquent pas leurs propres émotions. Si vous n’êtes pas conscient de vos émotions et de votre humeur, vous aurez du mal à remarquer et à prendre en compte ceux des autres.
John Gottman :
« Nos études montrent que pour que les parents ressentent ce que leurs enfants ressentent, ils doivent pouvoir être conscients des émotions, d’abord en eux-mêmes et ensuite chez leur enfant. La conscience émotionnelle signifie simplement que vous reconnaissez que vous ressentez une émotion, et que vous êtes sensible à la présence d’émotions chez les autres. »
Et ces émotions dont on prend conscience chez soi, il est bon également de les exprimer.
John Gottman :
« Des parents veulent apparaître comme des « super-parents » en cachant leurs émotions à leurs enfants… L’ironie est qu’en dissimulant leurs émotions, ces parents peuvent élever des enfants encore moins capables de gérer des émotions négatives qu’ils n’auraient été si leurs parents avaient appris à laisser parfois leurs émotions s’exprimer. »
Protéger les enfants des situations émotionnelles et les envoyer ensuite dans le monde, c’est comme envoyer un athlète aux Jeux olympiques sans entraînement. Les enfants ont besoin de modèles aussi pour apprendre à réguler leurs émotions.
Donc, ce conseil de John Gottman aux parents : n’ayez pas peur de montrer des émotions devant vos enfants. Si vous vous abstenez de montrer des émotions, votre enfant va comprendre: « Maman et papa n’ont pas d’émotions, et donc moi non plus.»
Être témoin de disputes et ensuite les voir résolues à l’amiable est bien mieux pour l’enfant que de ne jamais en voir du tout. Les enfants ont besoin de modèles non seulement pour les valeurs, mais aussi pour les émotions.
Donc leçon n°1 :
- apprendre à repérer les émotions chez soi et chez son enfant ;
- ne pas craindre d’exprimer des émotions devant son enfant.
2. L’émotion est une opportunité pour créer de l’intimité et pour apprendre
Lorsqu’une crise émotionnelle éclate chez l’enfant, la réaction compréhensible du parent est de vouloir l’arrêter dès que possible, comme sortant de la norme d’un comportement « acceptable ».
Mais les Ultra-parents voient les choses autrement : ils voient la crise comme un moment propice pour créer des liens avec leur enfant et pour lui apprendre quelque chose de précieux. Cela ne semble pas un comportement naturel quand un enfant lance des objets avec colère, mais c’est pourtant le mieux à faire.
Bien entendu, vous voulez que votre enfant cesse immédiatement tout comportement inapproprié. Mais vous pouvez le faire en vous attachant à l’action de l’enfant, pas en attaquant son identité. Il y a une différence essentielle entre « Tu ne dois pas battre ton petit frère » et « Tu es méchant ! »
John Gottman :
« Nous avons constaté que les enfants dont les parents s’étaient attaqués à leur identité avaient plus de difficultés à l’école et à avoir des amis. Ils avaient des niveaux plus élevés d’hormones liées au stress. Leurs enseignants déclaraient avoir plus de problèmes de comportement, et leur mère était plus souvent malade. Avec un peu d’habitude, on peut voir la douleur émotionnelle des enfants comme on peut voir leur douleur physique. »
Donc leçon n°2 :
- considérer les crises émotionnelles comme des occasions de créer du lien avec l’enfant ;
- s’attacher au comportement de l’enfant, pas à son identité.
Nous verrons dans un dernier billet les trois autres comportements souhaitables chez les parents voulant développer au mieux l’intelligence émotionnelle de leur enfant.
Bruno Hourst
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