L’espoir mène à de meilleurs résultats scolaires

« Pour mon bac, je croise les doigts ». Est-ce que cette petite phrase (« Je croise les doigts »), que l’on dirait basée sur une pure superstition, aurait un fondement ? Existe-t-il des recherches démontrant que le fait de se croiser les doigts déclenche une réaction physiologique conduisant un élève à faire plus d’efforts et à mieux réussir ? Eh bien, la recherche dit presque cela – pas tout à fait. En fait, l’espoir est un moteur puissant de réussite, en particulier à l’école.

Il existe de très nombreuses recherches scientifique sur le thème de l’espoir – vous trouverez quelques premières pistes au paragraphe « Ressources » à la fin de cet article. Les chercheurs ont défini l’espoir, étudié ses composantes et découvert ce qui le construit.

Pourquoi est-il intéressant d’avoir un fort espoir ? Voici quelques bienfaits tirés de la recherche :

  • meilleurs résultats scolaires, à tous les niveaux ;
  • tendance à être en meilleure santé ;
  • sentiment d’être plus satisfait dans son travail et d’y vivre moins de stress ;
  • meilleures relations ;
  • meilleur gestion des facteurs de stress, en les considérant comme des défis à relever ;
  • utilisation du feed-back reçu pour améliorer ses efforts futurs ;
  • meilleure estime de soi, plus de satisfaction à l’égard de la vie et niveau de dépression plus faible ;
  • tendance à être plus indulgent envers les autres.

La meilleure façon de comprendre la puissance de l’espoir est de comprendre ce qu’est le contraire de l’espoir : la désespérance. C’est la conviction que quelque que soit notre comportement, cela n’influencera pas le résultat. Par conséquent, on fait peu d’efforts pour améliorer sa situation. Un psychologue américain célèbre, Martin Seligman, a conceptualisé ce fait et a formulé la théorie dite de l’impuissance apprise – ou résignation acquise –, théorie qui a permis aux scientifiques de mieux comprendre différentes maladies mentales comme la dépression et a ouvert plusieurs voies de recherche dans le domaine des neurosciences.

Et sans aller du côté des maladies mentales, un enseignant peut être confronté au même phénomène : si ses élèves donnent rarement le meilleur d’eux-mêmes, c’est peut-être parce qu’ils ne pensent pas pouvoir réussir. Après tout, quand on a le sentiment qu’on ne peut pas réussir, pourquoi faire des efforts ?

Selon les chercheurs, l’espoir inclut deux choses :

  • la conviction de savoir par quels moyens nous pouvons atteindre nos objectifs, ce que nous pouvons appeler « le chemin» ;
  • et notre désir d’utiliser ces moyens pour atteindre ces objectifs, que nous pouvons appeler « la volonté motivante».

« Le chemin » implique de pouvoir concevoir un itinéraire raisonnable pour atteindre un objectif spécifique, avec la possibilité de créer des plans alternatifs au cas où le premier plan ne fonctionnerait pas.

Revenons à l’enseignant et à ses élèves ; comment les aider à avancer sur ce « chemin » ? Voici quelques idées.

  • Montrer aux élèves la vue globale de ce qu’ils doivent apprendre, et y revenir souvent. L’emploi d’un topogramme (MindMap) est particulièrement utile dans ce but. Ils voient ainsi d’une manière visuelle le chemin déjà parcouru (ce qu’ils ont déjà appris) et le chemin qui reste à parcourir (ce qu’ils doivent encore apprendre).
  • Leur apprendre des processus de résolution de problèmes, des fiches de tâches à appliquer.
  • Leur faire des découvrir des stratégies pour avancer sur ce chemin : stratégies de gestion de ressources, stratégies cognitives, stratégies affectives. Nous y reviendrons dans un prochain billet.

La « volonté motivante », elle, est la composante émotionnelle de l’espoir. C’est notre capacité à suivre réellement le chemin que nous créons pour atteindre notre objectif. C’est le fait de pouvoir se dire : « Je peux le faire ! » et, une fois l’objectif atteint, d’ajouter « Je savais que je pouvais le faire ! », permettant ainsi de préparer de nouveaux succès.
Revenons à notre enseignant : si ses élèves ont discours intérieur négatif sur leurs capacités, cela sera un obstacle énorme à leurs apprentissages et à leur réussite. Et il est parfois difficile de contrer cette petite voix intérieure négative qui leur dit qu’ils n’y arriveront pas. L’enseignant peut d’ailleurs les enfoncer encore plus avec les meilleures intentions qui soient, avec des phrases malheureuses comme « Je suis sûr que tu y arriveras » suivi par un échec. Dans ce cas, il vaudrait mieux dire : « Je suis sûr que, tous ensemble, nous y arriverons ».

Une des meilleures manières d’améliorer progressivement ce discours intérieur négatif est de s’appuyer sur des succès :

  • proposer aux élèves de se rappeler des succès passés, à l’école ou en dehors de l’école ;
  • donner aux élèves des occasions fréquentes de succès, mêmes partiels et même petits.

Donc, finalement, « croiser les doigts » pourrait être une attitude utile, parce qu’elle véhicule les deux composantes de l’espoir : le chemin et la volonté motivante.

Bruno Hourst

Ressources

Why “Cross your Fingers and Hope for the Best” is Actually Great Advice

Seligman et les lois de la résignation

Having the Will and Finding the Way: A Review and Meta-analysis of Hope at Work

Hope and the Academic Trajectory of College Students

How positive emotions build physical health

Psychological vulnerability, resilience, and subjective well-being: The mediating role of hope

The Relationship Between Meaning in Life and Subjective Well-Being: Forgiveness and Hope as Mediators