Éviter la baisse d’énergie et de motivation au milieu de l’année scolaire -2


Dans un premier billet, nous avons vu, en nous basant sur la recherche, comment la nouveauté pouvait contrer la baisse d’énergie et de motivation que les enseignants constatent souvent chez leurs élèves à certaines périodes de l’année.

Explorons un deuxième élément permettant de redonner de l’énergie aux élèves : l’exercice physique.

Nous avons vu dans d’autres billets tous les bienfaits de l’activité physique pour un fonctionnement optimal du cerveau, et à tout âge.
A l’école, l’exercice physique n’est en général cantonné qu’aux cours d’EPS : c’est très dommage ! L’activité physique volontaire aide à la libération du Brain-derived neurotrophic factor (BDNF), en particulier dans l’hippocampe. Le BDNF aide aux fonctions d’apprentissage et de mémorisation, et permet la réparation et la maintenance des circuits neuronaux.
L’exercice physique permet l’augmentation du niveau de calcium dans le sang. Ce calcium est transporté jusqu’au cerveau, où il améliore la synthèse de la dopamine, rendant le cerveau plus efficace à la fois dans la résolution de problèmes et l’utilisation de la mémoire de travail.
L’activité physique améliore la connaissance de soi, réduit le stress et les agressions ; elle améliore les résultats scolaires ; elle régule l’humeur… parmi bien d’autres bienfaits.

Les élèves qui sont physiquement actifs ont une meilleure mémoire, une meilleure assiduité, un meilleur comportement en classe et un meilleur rendement scolaire. C’est ce qu’a montré une étude menée par Shannon Michael, qui établit un lien fort entre la (bonne) santé et la réussite scolaire.

Mais comment faire pour faire rentrer de l’activité physique dans une salle de classe où l’on apprend les mathématiques ou le français ?
Tout simplement proposer aux élèves toutes les 10 à 20 minutes une « pause physique ». Le simple fait de se lever est déjà positif. Ensuite, vous pouvez proposer des exercices à faire par tous les élèves (et vous-même) de manière coordonnée : étirements, rotations, mise au point de mini-chorégraphie sur une musique pleine d’énergie, Jacques à dit, etc.
Cela vous semble stupide, inutile, « pas sérieux » ? Dommage. Le cerveau, pour bien fonctionner, a besoin d’exercice physique. Si vous n’êtes pas convaincu, plongez-vous dans la deuxième référence de ce billet. Cette étude, menée par Heather Erwin, fait une étude quantitative de l’intérêt des activités physiques en salle de classe. Les auteurs concluent : La recherche suggère que l’activité physique peut favoriser l’amélioration du rendement scolaire, mais les écoles subissent de nombreuses pressions pour atteindre des normes académiques élevées. Il est important que les enseignants, les responsables éducatifs et les psychologues scolaires comprennent les avantages de l’intégration de l’activité physique à la journée scolaire.

Et si vous voulez que les élèves soient vraiment motivés pour participer à ces activités physiques ? D’abord, expliquez-leur pourquoi vous leur proposez régulièrement une activité physique : c’est bon pour leur cerveau. Et puis, donnez-leur le choix. Laissez-les décider quelles activités ils apprécient le plus, placez des bouts de papier dans une boîte et tirez un papier au hasard quand une activité physique vous semble nécessaire.
Vous pouvez aussi proposer à un élève ou à un groupe d’élèves de diriger l’activité.
Le fait de développer l’autonomie et de donner le choix aux élèves est un vecteur très puissant de motivation et d’engagement : c’est ce qu’ont montré une étude dirigée par Rory Lazowski, de la James Madison University et une autre dirigée par Sung Hyeon Cheon, de la Kangwon National University (Corée du sud).

Pensez aussi à vous, enseignant : ce n’est pas parce que vous êtes adulte que vous n’avez pas besoin d’exercice physique. Décidez de prendre au moins 12 à15 minutes par jour pour bouger votre corps. Prenez conscience que cela vous calme, vous aide à vous recentrer et vous donne plus d’énergie.

Et si vous voulez que vos élèves aient un apport supplémentaire d’énergie, convainquez-les de diminuer de 50 à 80% leur consommation de sucre !

Soyons clair : ces pauses physiques peuvent être très courtes : vous n’avez pas l’excuse du « programme à finir » pour refuser de les proposer à vos élèves.

Bruno Hourst

Références
Critical Connections : Health and Academics
A Quantitative Review of Physical Activity, Health, and Learning Outcomes Associated with Classroom-Based Physical Activity Interventions
Motivation Interventions in Education : A Meta-Analytic Review
Why autonomy-supportive interventions work : Explaining the professional development of teachers’ motivating style