Quel rapport y a-t-il entre une famille et une équipe ? – 1

Il est courant et banal de parler d’esprit d’équipe dans le monde du travail. Mais, après tout, une famille est, à sa manière, également une équipe. Quel rapport et quelles analogies intéressantes peut-on trouver entre les deux concepts de « famille » et d’« équipe » ? Si l’on parle par exemple de confiance, d’unité et d’efficacité, on parle en général des qualités que doit réunir une équipe. Que penser de ces qualités pour le fonctionnement harmonieux d’une famille ?

L’Américain Daniel Coyle, auteur de best-sellers outre-atlantique, a passé quatre ans à étudier des équipes de niveau international, pour voir ce qui les rend ultra-efficaces. Il s’est plongé dans des comptes-rendus de recherches, a été interviewer des gens de chez Pixar et a passé du temps avec les Navy SEAL – les forces spéciales de la marine américaine.

Il en a sorti un livre intitulé The Culture Code: The Secrets of Highly Successful Groups, dont on pourrait traduire le titre par Les secrets des groupes ultra-performants.

Quel rapport avec la famille ? Pour l’instant, aucun.

Suivons Daniel Coyle un moment dans ses recherches.

Il a constaté que tous les groupes ultra-performants avaient tous en commun trois éléments-clés, qui renforcent la confiance, la coopération, la motivation et la performance globale d’un groupe d’individus ou d’une équipe. Quels sont ces trois éléments-clés ? Ils sont à la fois surprenants et intéressants.

Premier élément-clé : Construire de la sécurité
La sécurité s’apparente beaucoup à l’oxygène – on n’y pense pas, sauf si on en manque. Et du coup, presque personne ne cherche délibérément à créer de la sécurité.
Pourtant, il est difficile de créer un climat de confiance ou de travailler ensemble efficacement lorsque l’on craint d’être jugé, sanctionné ou licencié pour avoir dit ce que l’on pense, ou pour avoir agi différemment de ce que l’on attend de vous.

Mais qu’est-ce qui produit un sentiment de sécurité dans un groupe de personnes ? En fait, ce ne sont pas les grands discours, les politiques affichées ou les assurances des dirigeants. Pour Alex Pentland du MIT (Massachusetts Institute of Technology), ce qui crée un sentiment de sécurité, c’est ce qu’il appelle des indices d’appartenance.
Les indices d’appartenance sont un ensemble de micro-comportements auxquels vous ne faites probablement pas très attention. Mais ce sont de petites choses que font les gens quand ils se soucient les uns des autres et se respectent.
Laissons la parole à Daniel Coyle :
« Les indices d’appartenance sont des comportements qui créent une connexion sécurisée au sein d’un groupe. Cela inclue, entre autres, le fait de se côtoyer, le contact visuel, le mimétisme, le fait de parler à tour de rôle, l’attention aux autres, le langage du corps, le ton de la voix, le fait que tout le monde parle à tous les membres du groupe. »

Pentland a montré que ces indices d’appartenance constituaient le meilleur indicateur du rendement d’une équipe – un bien meilleur indicateur que l’intelligence, les compétences ou le leadership. En fait, quoi qu’il se raconte au sein d’une équipe, vous pouvez juger de la bonne marche de cette équipe en vous contentant d’observer les indices d’appartenance.

Pourquoi ces petits comportements anodins ont-ils une action aussi puissante ? Là, il faut aller poser la question aux neurosciences. Laissons la parole à Daniel Coyle :
« Lorsque vous recevez un message d’appartenance, l’amygdale change de rôle et commence à utiliser son immense puissance neurale pour créer et entretenir vos liens sociaux. L’amygdale repère les membres de votre groupe, syntonise les interactions avec eux et prépare le terrain pour un engagement significatif de votre part dans la vie du groupe. Sur les scanners cérébraux, ce moment est remarquable, car l’amygdale s’allume d’une manière tout à fait particulière. »

Cela est confirmé par Jay Van Bavel, neuroscientifique en sciences sociales à la New York University : « Dès l’instant où vous faites partie d’un groupe, l’amygdale identifie les personnes qui font partie de ce groupe et commence à les suivre intensément, parce que ces personnes sont devenues précieuses pour vous. Elles étaient inconnues auparavant, mais elles font maintenant partie de votre équipe, et cela change toute la dynamique. L’amygdale est un commutateur puissant, qui permet une reconfiguration totale de tout votre système de motivation et de prise de décision. »

Voici quelques moyens pour créer de la sécurité dans un groupe :

  • donner à chacun la possibilité de parler ;
  • que chacun soit attentif aux autres, en particulier en établissant un contact visuel ;
  • avoir un langage corporel respectueux des autres ;
  • que chacun ait le sentiment d’être entendu ;
  • ne laisser personne de côté ;
  • ne pas interrompre une personne qui parle

Quel rapport pour l’instant entre l’étude de Daniel Coyle et la famille ? Aucun. Il a juste montré que les équipes ultra-efficaces avaient besoin de créer de la sécurité entre ses membres.

Un autre élément-clé, plutôt surprenant, permet à un groupe d’être ultra-efficace. Nous verrons ça dans un prochain billet…

Bruno Hourst

Ressources

 

The Culture Code: The Secrets of Highly Successful Groups