Dans ma lointaine jeunesse, une chanson en allemand était au hit-parade (comme on disait à l’époque) des soirées dansantes : Sag Warum, du chanteur luxembourgeois Camillio Felden. Si la chanson trotte encore dans ma tête, c’est sans doute pour la qualité de sa mélodie, mais aussi pour son titre. Je ne connais pas l’allemand, mais je comprends le mot warum : pourquoi ? Sag Warum : Dis, pourquoi ?
« Pourquoi ? » est un adverbe interrogatif pour les grammairiens, mais également un mot fort, qui déclenche la curiosité, qui permet d’aller plus loin que les faits. C’est un fondement de la recherche scientifique.
Maintenant, grâce à la fée Internet, tous nos « pourquoi » semblent pouvoir trouver des réponses, comme par exemple (les premières propositions de Google au mot « pourquoi » en ce jour) : « Pourquoi la Libye est-elle coupée en deux » ou « Pourquoi les femmes ne sont pas drôles », « Pourquoi les dauphins meurent en France » ou « Pourquoi l’intelligence artificielle a besoin d’éthique ». Vous remarquerez que le « ? » a disparu de ces titres : on ne stimule pas vos interrogations et vos questionnements, on vous donne des réponses.
Dans les interrogations que l’on peut se poser, il devient rare de rechercher ce que l’on pourrait appeler le pourquoi originel. Car, bien souvent, derrière un « pourquoi » se cache un autre « pourquoi », qui en cache encore un autre, comme des poupées gigognes. Prenons un exemple.
- Question. Pourquoi vous lavez-vous les dents ?
- Réponse. Pour avoir des dents en bonne santé.
- Q. Pourquoi avoir des dents en bonne santé ?
- R. Pour avoir un joli sourire.
- Q. Pourquoi avoir un joli sourire ?
- R. Pour plaire aux personnes que je rencontre.
- Q. Pourquoi plaire aux personnes que vous rencontrez ?
- R. Pour avoir de bonnes relations affectives avec elles.
- Q. Pourquoi avoir de bonnes relations affectives avec d’autres personnes ?
- Etc.
Il semble me rappeler que c’est Carl Jung qui s’est particulièrement intéressé à ce pourquoi originel, suivi par d’autres psychologues. Il a été remarqué que, en partant de n’importe quelle question, (je cite de mémoire, je n’ai aucune référence précise, désolé) et après un certain nombre de « pourquoi », on arrivait, dans 80% des cas, à la réponse : « Pour être heureux ». Faites l’expérience avec des personnes variées autour de vous. La recherche du bonheur – ou ce que nous considérons comme tel – semble bien être la cause racine de bien de nos comportements. Et si le sujet du bonheur vous intéresse, vous pouvez écouter mon soliloque sur le sujet, durée 1h 08.
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Il me semble que cette recherche du pourquoi originel peut également s’appliquer aux problèmes que nous rencontrons tous les jours, que cela soit dans notre vie personnelle (« Pourquoi je dors mal actuellement ? »), dans notre vie professionnelle (« Pourquoi mes compétences ne sont-elles pas reconnues par mon boss ? ») ou dans la vie de notre société (« Pourquoi cet afflux de migrants ? »).
Une succession de « pourquoi » peut nous permettre d’aller à la cause racine des choses, en évitant d’en rester à une réponse, souvent émotionnelle, de premier niveau. Et, une fois découvert la cause racine du problème, on peut rechercher et trouver des solutions qui traitent en profondeur le problème, sans nous focaliser uniquement sur l’un de ses symptômes.
Un « jeu » de Thiagi – si vous ne connaissez pas encore les activités interactives de Thiagi, je vous invite à les découvrir d’urgence – permet d’aller à la recherche de cette cause racine.
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Bien entendu, en déroulant la succession des « pourquoi », on peut aboutir à des causes racines différentes. Mais si vous vous amusez à ce petit jeu, vous constaterez sans doute que l’on arrive souvent à de mêmes causes racines, dont une, particulièrement récurrente : la qualité de l’éducation. Et derrière ce mot « éducation », il y a l’école et les parents. Ne vous étonnez donc pas si, avec ma petite équipe, cela reste nos deux « cibles » privilégiées.
Surprenez-vous, recherchez la cause racine derrière les nombreux problèmes que l’on peut relever dans le monde du travail, dans les phénomènes de société ou lors de catastrophes naturelles ou artificielles : à la racine, vous trouverez bien souvent et effectivement l’éducation comme cause racine, l’éducation que fournit le système scolaire et celle que donnent les parents.
Il ne s’agit pas ici de nous dédouaner en faisant reporter la responsabilité des problèmes sur nos parents, nos grands-parents ou notre système scolaire : il s’agit d’éviter la superficialité de la réflexion, d’aller à la racine des choses pour mieux comprendre comment fonctionne l’humanité dans laquelle nous vivons.
Bruno Hourst