Dans un précédent billet, nous avons présenté la technique de l’écriture expressive, formalisée par l’Américain James Pennebaker, et un panorama de tous les bénéfices que l’on pouvait en tirer. Nous continuons ici à suivre l’un des livres de James Pennebaker intitulé Opening Up by Writing It Down : How Expressive Writing Improves Health and Emotional Pain (S’ouvrir en écrivant : comment l’écriture expressive améliore la santé et la douleur émotionnelle).
Ne pas ignorer les bouleversements émotionnels de notre vie
Nous sommes tous confrontés au stress, à la douleur et à des événements désagréables divers dans le cours de notre vie. Nous pouvons les ignorer, les enterrer ou nous distraire avec des drogues légales ou illégales, ou en achetant compulsivement ou encore en surfant indéfiniment sur Internet. Mais ces difficultés sont toujours là.
Ces bouleversements émotionnels nous causent du stress, mental et physique. Ils peuvent augmenter les risques de maladie, d’accident vasculaire cérébral, de crise cardiaque ou d’autres désagréments.
James Pennebaker : Avec le temps, garder enfouis les événements désagréables ou traumatisants sert de facteur de stress cumulatif pour le corps, augmentant la probabilité de maladie et d’autres problèmes physiques et mentaux liés au stress… Ces expériences de vie importantes, qui sont cachées aux autres, sont susceptibles de faire surface sous forme d’anxiété, de ruminations, de rêves dérangeants et d’autres perturbations de la pensée.
Le défoulement des émotions refoulées n’arrange rien
Alors, quand il s’agit de choses émotionnelles, suffit-il juste de les « faire sortir » ? De se défouler ? Non. Lorsque l’on exprime uniquement ses émotions, cela n’arrange rien, ou cela fait empirer la situation.
James Pennebaker : Les effets de l’écriture expressive ne sont pas dus à une simple catharsis ou à la libération d’émotions refoulées. En fait, les personnes qui se défoulent en exprimant leurs sentiments sans aucune analyse réfléchie ont tendance à s’en sortir plus mal… Parler ou écrire sur la source de nos problèmes sans réflexion personnelle ne fait qu’ajouter à notre détresse…
Donner un sens à ses expériences émotionnelles
S’il suffisait de se défouler, les râleurs et ceux qui polluent nos médias
sociaux avec des diatribes de colère seraient les personnes les plus
équilibrées émotionnellement. Ce n’est pas l’expression de nos émotions, c’est
le fait de leur donner un sens qui remet les choses en place.
James Pennebaker : Un grand nombre de bonnes études scientifiques
concluent que la simple expression d’une émotion n’est généralement pas
bénéfique en soi. Les gens doivent plutôt apprendre à reconnaître et à
identifier leurs réactions émotionnelles aux événements. La parole (et d’autres
formes d’expression) est bénéfique lorsqu’elle aide les gens à donner un sens à
leurs expériences.
Nous avons besoin de donner un sens à notre vie, et tout particulièrement aux
événements qui ont ou qui ont eu une charge émotionnelle forte pour nous. Une
fois que nous avons compris le sens de ce qui nous est arrivé, on peut lui
trouver une place dans l’histoire de notre vie et nous pouvons alors passer à
autre chose.
Pourquoi écrire ?
N’est-il pas plus facile de parler à quelqu’un, à un(e) ami(e), plutôt que d’écrire ? Le problème majeur, lorsque l’on parle de sujets « lourds » à d’autres personnes, est qu’elles sont rarement sûres. Les thérapeutes professionnels ont une obligation de secret, mais pas les amis de votre entourage. Selon une étude de Bernard Rimé, de l’université de Louvain en Belgique, un secret moyen raconté en confidence est transmis à au moins deux autres personnes. Il faut se sentir en sécurité pour s’ouvrir vraiment. Il y a une sécurité totale dans le fait de mettre par écrit.
Dans un troisième et dernier billet, nous verrons les conseils pratiques de James Pennebaker pour faire entrer l’écriture expressive dans notre vie.
Bruno Hourst
Ressources
Opening Up by Writing It Down : How Expressive Writing Improves Health and Emotional Pain