Dans deux précédents billets , je vous ai présenté l’idée de l’Américain Eric Barker : créer une pandémie pour lutter contre la pandémie actuelle, combattre le feu par le feu. Répandre une pandémie d’entraide, de gratitude d’optimisme. Et pour cela, faire comme nos responsables politiques concernant le COVID-19 : s’entourer d’un panel d’experts reconnus.
Prêt à continuer à devenir infectieux ? Voici les troisième et quatrième actions non-barrières à votre disposition.
3. Diffuser la gratitude
La gratitude est champion incontesté du bonheur. Que disent les recherches ? On ne peut pas être plus clair : plus une personne est encline à la gratitude, moins elle risque d’être déprimée, anxieuse, solitaire, envieuse ou névrosée.
On pourra rétorquer qu’il y a bien peu de raisons d’être actuellement reconnaissant de quoi que ce soit. Ou bien cela tourne au débat philosophique : cette pandémie est-elle un bien ou une catastrophe pour l’humanité ? Mais en fait, peu importe. C’est la démarche qui compte, dit le neuroscientifique américain Alex Korb dans son livre The Upward Spiral: Using Neuroscience to Reverse the Course of Depression, One Small Change at a Time (La spirale ascendante : Utiliser les neurosciences pour inverser le cours de la dépression, un petit changement à la fois ; non traduit en français, voir Ressource 1) :
Ce n’est pas de trouver des raisons d’être reconnaissant qui compte le plus, c’est de se souvenir d’avoir eu de la gratitude. Cela développe notre intelligence émotionnelle. Et avec une intelligence émotionnelle plus élevée, il faut moins d’efforts pour être reconnaissant.
Donc, action. Répandons de la gratitude. Envoyer un texte de remerciement est une façon simple et géniale de rendre deux personnes heureuses et de répandre notre pandémie de positivité.
Shawn Achor, psychologue américain et chercheur sur le bonheur à l’université d’Harvard, a testé cette technique – et elle fonctionne. Voici ce qu’il en dit :
La chose la plus simple que vous puissiez faire est d’envoyer un e-mail de deux minutes pour féliciter ou remercier une personne que vous connaissez. Nous l’avons fait sur Facebook, chez US Foods, chez Microsoft. Nous leur avons fait écrire un e-mail de deux minutes pour féliciter ou remercier une personne qu’ils connaissent, et une personne différente chaque jour pendant 21 jours d’affilée. C’est tout. Ce que nous avons constaté, c’est que cela a augmenté considérablement leur lien social, qui est le plus grand prédicteur de bonheur que nous ayons dans les organisations.
Et n’oubliez pas les personnes avec lesquelles vous avez été mis en quarantaine. En ce moment, certains d’entre nous participent à une émission de télé-réalité involontaire 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 avec leurs conjoints, leurs enfants ou des personnes proches, ce qui peut mettre à rude épreuve toute vie en commun.
Témoignez-leur votre gratitude. Les recherches menées par Eli Finkel, professeur au département de psychologie à l’Université Northwestern montrent que même lorsqu’une seule des deux personnes ressent de la gratitude, vous êtes tous les deux plus satisfaits de votre relation. C’est un bon plan. Et réfléchissez en profondeur, sentez-vous vraiment reconnaissant pour ce qu’ont fait pour vous les personnes les plus proches qui partagent votre vie.
4. Répandre l’optimisme
Les recherches montrent qu’être optimiste augmente le bonheur, la santé, la résilience et même la chance – oui, même la chance, car l’optimisme stimule l’ouverture d’esprit, ce qui conduit à de nouvelles opportunités qui ne se présentent pas quand on dit non à tout. Et cela permet aussi de bien vieillir
Certains diront qu’il y a un danger à être trop optimiste, que cela peut pousser à ne pas prendre les problèmes suffisamment au sérieux. Et ils ont raison : nous devons faire attention à l’optimisme pour ne pas négliger les problèmes sérieux. Martin Seligman, développeur de la psychologie positive, nous explique comment trouver l’équilibre : évaluer, si l’on se trompe, le coût de l’échec.
La stratégie fondamentale pour ne pas déployer un optimisme hors de propos est de se demander quel est le coût de l’échec dans une situation donnée. Si le coût de l’échec est élevé, l’optimisme n’est pas la bonne stratégie. Le fêtard qui décide de rentrer chez lui après avoir bu, le conjoint frustré qui décide d’entamer une liaison qui, si elle était révélée, briserait son mariage, ne devraient pas faire preuve d’optimisme. Dans ce cas, les coûts de l’échec sont, respectivement, un accident de voiture et un divorce. L’utilisation de techniques qui minimisent ces coûts est inappropriée. En revanche, si le coût de l’échec est faible, il faut faire preuve d’optimisme.
Par exemple, si vous présentez des symptômes d’une maladie grave, ne soyez pas optimiste en pensant qu’ils disparaîtront d’eux-mêmes et que vous pouvez éviter les soins médicaux. Mais dans une situation donnée, si le coût de l’erreur n’est finalement qu’un sentiment mineur de déception que les choses ne se soient pas déroulées comme vous le souhaitiez, il vaut mieux rester positif pour l’instant.
Et donc, action : répandre cette positivité. Les effets de l’optimisme sur la résilience sont si forts que l’armée américaine a mis en place un plan pour enseigner la pensée optimiste aux soldats. Et nous avons tous besoin d’un peu plus de résilience en ce moment.
Quelle est la meilleure façon de faire garder aux autres le moral ? Les faire rire. L’humour est un puissant antidote contre le stress et la peur. Et on ne peut que se réjouir des nombreuses vidéos humoristiques qui fleurissent sur la Toile en cette période de pandémie et de confinement.
Voilà ce qu’en dit Taylor Clark dans son livre Nerve: Poise Under Pressure, Serenity Under Stress, and the Brave New Science of Fear and Cool (Nerveux : L’équilibre sous la pression, la sérénité sous le stress et la nouvelle science de la peur et du calme ; non traduit en français, voir Ressource 2)
L’humour consiste à jouer avec les idées et les concepts. Donc, chaque fois que nous voyons ou entendons quelque chose de drôle, nous changeons de point de vue. Lorsque les gens sont coincés dans une situation stressante et se sentent dépassés, s’ils peuvent adopter un point de vue humoristique, alors ils voient les choses différemment – et sortent de leur état d’esprit rigidifié par le stress.
Donc action, faites rire. Inventez des blagues drôles. Transmettez ce qui vous fait rire pour faire rire les autres.
Rappelons-le : l’optimisme augmente et renforce le bonheur, la santé, la résilience et la chance – des éléments particulièrement indispensables en ce moment. Alors, répandez l’optimisme. Cela fait partie de votre nouveau protocole pour répandre la pandémie d’entraide, de gratitude et d’optimisme.
***
Bon, il est temps de faire le point. En résumé, voici comment nous pouvons déclencher une pandémie de positivité :
- Renforcer ses réseaux : Faites savoir aux gens que vous pensez à eux et qu’ils sont importants pour vous.
- Proposer et accepter de l’aide : Offrez de l’aide là où vous le pouvez et demandez-la si vous en avez besoin.
- Diffuser la gratitude : Remerciez les gens. Et sentez-le vraiment.
- Répandre l’optimisme : Si le coût de l’erreur est faible, laissez-vous aller à croire que les choses vont s’arranger.
Autrement dit et de vous à moi, en quatre phrases :
- J’espère que vous allez bien en ce moment.
- J’espère que ces billets vous ont aidé.
- Merci de les avoir lu, et merci à Eric Barker d’en être à l’origine.
- Et je crois vraiment que les choses vont bientôt s’améliorer
Eric Barker est fier d’être le Patient Zéro dans cette nouvelle pandémie de positivité. Les chercheurs futurs noteront sans doute qu’il y a eu d’autres Patients Zéro à cette pandémie de positivité. Puisse-t-elle toucher une bonne part de l’humanité.
Bruno Hourst
Ressources
Pratiquer la psychologie positive au quotidien – Pour mener une vie heureuse
Nerve: Poise Under Pressure, Serenity Under Stress, and the Brave New Science of Fear and Cool
This Is The Most Fun Way To Make Your Life Awesome (Pandemic Edition)